Tout ça pour dire que nous avons vu le psychiatre samedi dernier.
Dans le cadre de notre démarche PMA par don de gamètes, nous avions l'obligation de rencontrer un psychiatre, assermenté par le CECOS. C'est chose faite.
J'avoue avoir beaucoup de mal avec la profession. Ceci étant, je sais que ce ne sont que des a-priori. Le psychiatre, on le voit comme un vieux avec des lunettes sur le bout du nez, qui vous fait allonger sur un divan et vous fait parler de votre enfance en faisant des mots croisés pendant ce temps. Celui-ci n'était pas comme ça. Certes, c'était un monsieur à la crinière toute blanche. Il nous a reçu assis à son bureau. Il a posé des questions par rapport à notre démarche. Nos souhaits, nos craintes, nos interrogations. Et y a répondu avec, bien sûr, les poncifs de la profession, mais au bout du compte, l'entretien a été positif.
Son plus grand cheval de bataille, a été de convaincre l'Homme de son rôle dans tout ça. Compte tenu de mon historique personnel d'enfant adopté, il a, en plus, eu tout le loisir de nous démontrer qu'adoption et PMA, ça n'a rien à voir. L'adoption, c'est un enfant qui a déjà son historique personnelle. Tragique parfois, triste tout au moins. Sur ce parcours déjà construit, se greffe deux personnes en désir de parentalité. L'opportunité du moment fait se rencontrer ces êtres et permet la construction d'une famille. Mais les parents adoptifs restent extérieurs au fait que l'enfant existe.
Pour lui, un homme stérile, quand naît son désir de paternité, il ne sait pas la plupart du temps qu'il n'a pas été livré avec le bon matériel, ou carrément sans le matériel adéquat. Quand il le découvre, son désir reste cependant un désir de couple. La démarche PMA est une démarche de couple. L’existence même de l'enfant dépendra du désir de l'homme à devenir père et de ce qu'il fera comme démarche pour y arriver. Un enfant issu d'une PMA n'existe que par la volonté de l'homme et la femme qui deviendront ses parents, avec ce qu'offre la médecine pour y parvenir. Ceci fait de l'Homme un père dès maintenant.
"Alors ? Qui est le père dans cette histoire ?".
L'Homme aurait sans nul doute répondu avant cet entretien que le père (biologique) est le donneur. Le psychiatre s'oppose farouchement à cette idée. Il n'y a pas de père biologique selon lui. Il n'y a que LE père. Celui par qui l'enfant peut exister.
Autant dire que ça a été un entretien positif, nous permettant à tous deux de relativiser la place du donneur. Celui-ci se limite à ce qu'il est en fait : un donneur. Un élément "matériel" pour nous permettre de devenir parents ensemble.
Il nous a également demandé comment nous voyions l'annonce (ou la non annonce d'ailleurs) à notre enfant de ses origines. J'essaye de comprendre les gens qui gardent le secret absolu à ce sujet. Cacher à son enfant qu'il est issu d'un don de gamètes. Quel est l'intérêt ? A part l'égoïsme des parents à vouloir se sentir parents à 100% et nier l'existence même d'un problème, qui a fait qu'ils ont dû passer par une démarche médicalement assistée pour pouvoir devenir parent ? L'Homme et moi partons du principe que savoir d'où on vient est essentiel et obligatoire pour pouvoir se construire. Et d'autre part, tout finit par se savoir. Et il est hors de question que notre enfant découvre un jour à l'âge adulte, ou pire, adolescent, qu'il n'est pas ce qu'il a toujours cru être. Le psychiatre nous a encouragé dans cette voie et nous a expliqué la façon la plus adéquate d'aborder le sujet avec notre futur bébé, l'âge idéal et les supports d'aide que l'on peut trouver.
Il n'a d'ailleurs pas abordé le sujet de savoir si notre entourage est au courant. Mais compte tenu de son point de vue sur la question, à savoir que la démarche PMA est l'affaire du couple et rien que du couple, ce n'est pas très étonnant...
A l'issue de l'entretien, il nous a délivré un certificat à remettre à notre médecin du CECOS, attestant de l'entretien, et garantissant, je cite "que Monsieur et Madame ne présentent aucun signe psychopathologique, pouvant affecter leur démarche". Ouf, on va sabrer le champagne pour la peine !
Cela dit, au sujet de l'entourage, celui-ci a été l'objet d'une petite dispute entre l'Homme et moi le soir même du rendez-vous. Car, je ne sais plus si j'en avais parlé, mais il avait promis d'en parler à ses parents avant le rendez-vous avec le psy. Il s'était fixé une deadline sans appel. Et je vous le donne en mille, il n'a pas tenu sa promesse. Il s'est totalement dégonflé (et selon ses propres dires, il a fait preuve de lâcheté). Il persiste à dire qu'il veut en parler. Qu'il le fera. Que c'est essentiel et nécessaire. Il m'a même redonner une échéance : en parler avant que le bébé soit conçu. En gros, quand on débutera l'aspect médical de la démarche. Je me fous de savoir quand, à partir du moment où c'est fait avant que j'accouche. Je lui ai quand même fait part de ma déception et mon incompréhension sur sa difficulté de communication avec ses parents, qui sont loin d'être des monstres ! Mais je crois surtout que l'Homme a encore du mal à embrasser son statut d'adulte indépendant. Il a vécu chez ses parents jusqu'à l'âge de 27 ans. Son père a une énorme autorité sur lui. C'est dur de couper le cordon parfois. Aussi, j'ai abandonné le sujet. Tant qu'il n'est pas prêt, inutile d'essayer de forcer la chose. Il se butera. Cependant, je lui ai quand même dit que s'il est incapable de prendre ses responsabilités et d'assumer ses choix, je ne pense pas qu'une telle démarche soit indiquée et que je ne suis pas prête à me lancer dans un parcours médical lourd sans que ses proches (rien que ses parents est suffisant) sachent dans quelle affaire nous nous sommes engagés.
Ai-je tort ? Je ne pense pas... Cela me semble couler de source... En tout état de cause, l'Homme a fait une mine penaude, déçu de m'avoir déçue, et s'est blotti contre moi. Ses bras et sa tête posée sur mon ventre m'ont silencieusement demandé pardon.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire