vendredi 11 avril 2014

C16-J3

Voilà, le C16 a débuté. Dans la douleur comme le précédent s'est achevé. J'en suis à J3 et je souffre de nouveau (ou encore) des ovaires. Ça tire dur. Et les seins aussi ponctuellement. Pour le reste, je suis en période de règles, donc rien de spécial à indiquer. J'ai relancé mon moniteur de fertilité au cas où.

Mais l'essentiel du message d'aujourd'hui ne concerne pas mon cycle. Et c'est bien de changer de sujet parfois... J'ai envie de papoter pour une fois...

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Moi qui disais que l'Homme et moi n'avions pas parlé depuis un moment de notre "problème", voilà que je viens de mentir. Et bizarrement, cet échange a eu lieu dans l'endroit le plus improbable qui soit : notre lieu de travail. Nous n'avons bien sûr pas pu achever la conversation à ce moment là. Mais le soir même à la maison.

Je me rends compte un peu honteusement qu'en fait, le cerveau de l'Homme fonctionne à 100 à l'heure concernant notre souci de conception. Moi qui croyais, ou du moins m'étais laissée fait croire qu'il n'y pensait pas... Et ça le rend malheureux, car dès que le sujet est abordé, je sens qu'il se crispe. Ses yeux se font brillants. Non pas qu'il pleure, loin de là, mais on sent qu'il est blessé. Profondément blessé, et profondément coupable. Il se pose surement la question que tout le monde se pose quand il doit affronter un verdict pareil "Pourquoi ? Pourquoi moi ?".

Je pense que comme moi, il sent venir le coup du "Aucun recours, sauf donneur ou adoption". En tant qu'homme, il est forcément atteint dans sa virilité. En plus, il a toujours été élevé dans l'optique de transmission des gènes, du nom et du reste. Là, la chaîne sera incomplète.

Il m'a avoué qu'il en est au stade de peser le pour et le contre entre, abandonner définitivement ce désir de bébé, ou, passer outre son aversion du donneur pour atteindre son but et devenir père. Sauf qu'il se pose la question à l'envers. Non pas, qu'est-ce qui lui conviendrait le mieux, mais qu'est-ce qu'il regrettera le moins... Pas sûr que ce soit la bonne philosophie pour aborder le problème. Mais c'est la sienne et je la respecte. Il m'a également expliqué que, dans sa tête, ce bébé ne serait ni plus, ni moins, comme l'un de mes enfants pour lui. Ça m'a un peu choqué. J'ai trouvé qu'il était assez coupant et définitif, du coup, j'ai essayé de modifier son regard sur le sujet. Ce bébé, cette cerise que nous espérons depuis si longtemps, il restera NOTRE projet à nous deux. Et contrairement à mes enfants, ce bébé sera sous SA responsabilité. Pour les 3 aînés, légalement, il n'est responsable de rien. Pour le futur enfant, c'est lui qui prendra des décisions d'éducation, c'est lui que l'école appellera s'il est malade, c'est lui qui lui apprendra à poser du placo et qui l'accompagnera à ses matchs de foot... Et bien avant tout ça, il sera là quand je ferai le test de grossesse, il sera là pour le suivi, les échographies, les nausées, les vergétures... L'accouchement, le retour à la maison et les nuits blanches... Tout à fait différent donc !

Je sais que, sans vraiment le dire, ce qui le gène aussi, c'est de devoir "officialiser" sa stérilité. Auprès de sa famille. C'est quelque chose d'extrêmement douloureux pour lui. Il a peur de perdre l'amour et la fierté de ses parents. Tout comme il était également inquiet de me perdre moi. Car il m'a demandé si, dans le cas contraire, si c'est moi qui avait été un "obstacle" à notre projet bébé, comment j'aurais réagi, comment je l'aurais vécu. Je lui ai avoué comprendre totalement sa réserve sur le don. Cependant, les femmes étant d'avantage poussées par la nature à vouloir porter et donner la vie, je pense que j'aurais accepté le don pour pouvoir vivre une grossesse. Ce que je ne lui ai pas dit, c'est que je l'aurais probablement quitté, afin qu'il puisse réaliser son projet avec une jeune femme en état de lui offrir ce qu'il souhaite... Je ne suis pas sûre que de lui dire cela lui aurait remonté le moral, si on inverse le tableau. Il aurait pu prendre ça comme un message subliminal à son encontre, alors que ce n'est pas le cas. J'ai clos le sujet en lui disant que je ne lui en voulais pas, et je ne lui en voudrais jamais. Il n'y peut rien voilà tout. Quand la nature est injuste, méchante et incompréhensible, pourquoi en vouloir au partenaire ? Qu'a-t-il demandé ? Rien. Je ne lui en veux pas. Et je l'aimerai toujours. Enfant ou pas enfant.

On s'est pris dans les bras. Sans rien dire. Juste serrés l'un contre l'autre. Moi heureuse qu'il m'ait parlé de ce qu'il a dans la tête et le coeur. Lui, sans doute rassuré sur bien des points.

Prochaine étape, le rendez-vous urologue de mercredi prochain. Le suspense est de savoir si la caryotype sera arrivé ou pas, afin d'avoir tous les résultats et donc de savoir enfin quelle direction prendre.

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