De retour pour le compte rendu du deuxième rendez-vous avec l'urologue.
Au début, j'ai eu peur en le voyant. Un monsieur âgé aux cheveux blancs, d'extérieur austère. Une fois dans le cabinet, il a changé. Il s'est fait plus chaleureux. Il a interprété les résultats sanguins. Et je pourrais faire médecin : mon diagnostic était (malheureusement) le bon. Le taux très élevé de FSH indique clairement une azoospermie définitive et irréversible. Il n'avait pas encore reçu le caryotype, mais d'après le taux, il penche à 98% pour le syndrôme de Klinefelter.
Je l'ai regardé de biais. C'est quoi encore que ce truc ? Il a donc expliqué que le syndrôme de Klinefelter est une anomalie chromosomique sur la paire qui détermine le sexe. Pour un homme, il y a une paire XY pour une femme XX. Or, chez ces garçons (1/600 à 1/1000 selon les sources vues sur internet), la formule chromosomique est 47XXY. Donc un X en trop. Les symptômes sont les suivants :
- Hypertrophie mammaire
- Testicules plus petits que la normale
- Pilosité quasi inexistante
- Taille souvent bien plus importante que la moyenne
- Email dentaire fragile
- Et bien sûr, la stérilité.
L'Homme a quasiment tous les signes de ce syndrôme, ça laisse donc peu de place au doute. Il a même fait un peu d'humour noir "Ha, c'est pour ça alors que je fais tellement souvent le ménage !"
L'urologue semblait sincèrement navré de ne rien pouvoir faire pour nous. Il nous a donné le nom d'une médecin biologiste, rattachée au CECOS le plus proche de chez nous (le CECOS étant la banque du sperme). Il nous a dit qu'elle était super sympa, et nous expliquerait la suite du parcours PMA que nous allions devoir suivre pour avoir notre bébé. Il a parlé à l'Homme sur un ton à la fois rassurant et paternaliste, en lui disant que le don donnait de très beaux bébés, que ça marchait très bien, et que dans 2 ans, nous accueillerions notre propre enfant. Et il a dit cette phrase, marquante, belle et très vraie (mais qui a surement sonné creux aux oreilles de mon homme) :
"Vous savez, le père, c'est celui qui fait sauter l'enfant sur ses genoux ! Ah, souvent, c'est facile de devenir père d'un point de vue biologique ! Pour le reste, c'est une toute autre histoire !"
Nous avons pu parler à la sortie du rendez-vous. Personnellement, j'en avais besoin. L'Homme est toujours dans le doute, concernant le don de sperme. Plusieurs raisons qu'il a pu m'expliquer :
La première, c'est le temps et l'implication que demande une démarche PMA. D'après l'urologue, nous pourrions espérer accueillir un bébé d'ici 2 ans. La femme est bien plus sollicitée que l'homme dans un parcours avec donneur de sperme. Les piqûres d'hormones, les inséminations. Tout ça, c'est la femme qui l'endure. Du coup, ça le fait tiquer. D'autant que je me rapproche de la quarantaine. Mon chéri sait que les grossesses sont souvent plus difficiles à cet âge là. La seconde, c'est qu'il a aussi peur de ressentir une "obligation" d'achever le parcours, même s'il venait à avoir des doutes au point de vouloir tout arrêter. Je lui ai dit qu'à ce moment-là, il valait encore mieux tout arrêter, plutôt que d'avoir un bébé non désiré au bout. Ce petit, qui n'aura rien demandé à personne, risquerait d'en essuyer les pots cassés... Mais l'inscription au CECOS doit se faire vite, pour éviter de prolonger les délais. Même si on renonce au bout du compte.
On a également parlé du fait d'en parler à l'entourage. Surtout sa famille. Il n'y a pas encore de petis-enfants de son côté. Mes parents sont plus que comblés à ce niveau là, puisqu'ils ont 7 petits-enfants entre moi et mon frère. J'ai peur que sa famille croit que s'il n'y a pas de bébé, c'est parce que j'en ai déjà trois et que je n'en veux plus. C'est bête, mais c'est important pour moi qu'ils sachent que je n'y étais pas opposée, loin de là. Lui pense que sa famille (ses parents et sa grand-mère en particulier) ne s'opposerait pas du tout à un don de sperme et qu'ils pourraient même apporter le soutien et les encouragements dont mon homme aurait besoin pour surmonter tout ça.
On a aussi réussi à se dire les sentiments moins drôles qui nous sont passés par la tête depuis que l'on sait pour l'azoospermie. De mon côté, je lui ai avoué que j'avais pensé à "faciliter" les choses en allant voir ailleurs. Un ptit coup de canif dans le contrat et hop, un bébé sans passer par la case piqûres, PMA et toutiquanti. Mais ça m'est juste impossible moralement et physiquement. Et je lui ai également avoué que, si j'avais été dans son cas, je l'aurais quitté pour qu'il puisse avoir un bébé avec une autre, tout en lui précisant que ceci ne s'appliquait pas dans le sens actuel. Il a souri.
Lui m'a avoué que ça lui avait traversé l'esprit de me quitter aussi. Mais pas pour les mêmes raisons que moi. Il m'a dit que si de toute façon c'était foutu pour lui, pourquoi s'embarrasser avec une femme qui 3 enfants. Autant reprendre une joyeuse vie de célibataire, avec voyages, potes, et fiestas sans fin. Même si lui m'a affirmé que ça n'arriverait pas, je l'ai un peu mal pris, je l'avoue. Après, je peux tout à fait comprendre. Il a ce fort sentiment d'injustice et d'incompréhension de ce qui lui arrive. Ne pas pouvoir se prolonger dans un enfant, ça ampute forcément de quelque chose.
Voilà ce qu'il en est aujourd'hui. Le prochain rendez-vous, désormais au CECOS, sera le 30 avril. J'étais heureuse d'obtenir un rendez-vous aussi rapidement. Espérons que nous aurons au moins de la chance au niveau du temps, à défaut du reste.
PS : Je compte arrêter d'intituler mes articles comme ça. Désormais, je ne suis plus réellement en essai. Je continue la surveillance uniquement si le médecin a besoin de données au niveau de mes cycles. Donc il y aura des vrais titres dans les prochains temps...
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